- Région
- Angleterre
- Date
- 1800 - 1812
- DIMENSIONS
en centimètres
- 84 x 38
- Matériaux et techniques
- Laine, laiton
- Crédit
- Inconnu
- Numéro d'identification
- Niagara Historical Society and Museum 972.903
Si le propriétaire de cet uniforme pouvait nous parler aujourd’hui, les histoires qu’il nous raconterait seraient tout simplement extraordinaires. Donald Campbell est né à Islay, une île des Hébrides, au large de l’Écosse, dans la deuxième moitié du XVIII
e siècle. L’île souffrait de graves pénuries alimentaires à l’époque, et plus de 1 300 Écossais la quittèrent pour la Caroline du Nord, en quête de nouvelles possibilités en Amérique. Donald Campbell était du lot. Très vite, ces colons se sont trouvés confrontés à une autre décision majeure : rester fidèles à la Couronne ou soutenir les révolutionnaires dans leur lutte pour l’indépendance. Loyaliste, Donald Campbell s’enrôla dans l’armée britannique en 1775 et fut fait prisonnier avec lord Cornwallis après le siège de Yorktown, en 1781. Après son emprisonnement et sa libération conditionnelle ultérieure, il se vit accorder des terres en Nouvelle-Écosse en 1784, en remerciement de ses loyaux services.
Donald Campbell continua de servir dans l’armée et fut nommé commandant du fort George en 1800, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort soudaine le 1
er décembre 1812, à l’âge de 57 ans. Il fut enterré dans le bastion central ouest du fort. On ne sait pas si on a touché à sa tombe pendant la reconstruction de fort George dans les années 1930. La famille Campbell subit des pertes importantes pendant la guerre. Elle perdit un être cher et une source de revenu importante, se trouva prise au milieu de la bataille de fort George le 27 mai 1813 et endura l’occupation américaine, après quoi sa maison fut incendiée avec le reste de la ville le 10 décembre 1813.
Le manteau en laine rouge avec flanelle de laine noire du major Campbell est un des tout premiers modèles de ce type, courant peu après 1800. On y voit une parementure bleue, des paires de boutons, une coupe arrondie à la taille et un passepoil blanc. Le col montant a disparu, tout comme les revers réglables. Il y a une épaulette argentée sur l’épaule gauche, mais il se peut qu’elle ne soit pas d’origine. En tant que commandant de fort, le major Campbell a peut-être porté un manteau d’un de ses anciens régiments, mais aucun n’avait de parementure bleue ni de paires de boutons. Il se peut qu’il ait acheté ce manteau à un autre officier, et il n’est pas sans rappeler l’uniforme du
10th Royal Veterans Battalion stationné au Canada à l’époque. Le
10th Royal Veterans Battalion, régiment créé par Isaac Brock, était idéal pour les soldats qui avançaient en âge mais qui pouvaient encore occuper des postes administratifs. Il est probable aussi que le manteau ait été confectionné pour le major Campbell dans un style générique pour officier britannique, car il ne semble pas exister de règles particulières pour l’uniforme correspondant à son poste. Il représente, en tout cas, un lien fort avec le passé militaire du Canada en tant que havre pour les anciens combattants loyalistes rescapés de la Révolution américaine. Leurs connaissances militaires se révèleraient fort utiles au Canada dans la préparation de la guerre contre les États-Unis en 1812.